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Petite écolière, Fatou Diouf Sarr dessinait des plantes. Aujourd’hui inscrite en master en biologie végétale, elle s’est spécialisée en Phytopharmacie et protection des végétaux. Rien de surprenant pour cette étudiante d’une famille d’agriculteurs.  

Si Fatou Diouf Sarr avait atterri dans un département autre que la Biologie végétale, elle se sentirait sans doute étrangère. Étudiante en master 2 à la Faculté des sciences et techniques, elle se sent aujourd’hui dans son milieu, tant elle aime tout ce qui se rapporte à l’environnement. « A la base, je suis une amoureuse de la nature, des plantes, tout ce qui est verdure », lance-t-elle dans un sourire.  

Cette passion remonte du temps où elle apprenait à composer des syllabes et à présenter des figures sur un bout de papier. « Même lorsque j’étais au primaire, quand on nous demandait de faire des dessins, je dessinais toujours des plantes, même à l’examen », se souvient-elle. 

Aujourd’hui, cette passion a fait naître du business. Dans le Laboratoire Phytochimie et Protection des Végétaux (LPPV), de petites bouteilles sont soigneusement rangées sur une table. Sur l’étiquette, il est inscrit Sen Arome Bio. Il s’agit d’une start-up qui regroupe 6 étudiants dont Fatou Diouf Sarr. Avec l’encadrement du Dr Nalla Mbaye, le groupe essaie de commercialiser des hydrolats, des huiles essentielles. Et depuis quelque temps, la gamme a été élargie avec des bio-pesticides. 

Pour Fatou, rêve ne peut être plus grand que de voir la promesse des fleurs de cette initiative porter les fruits de la réussite. Ce qui serait un coup double pour elle : nourrir sa passion et vivre d’elle. Car, en plus de la nature, Sen Arome Bio, c’est aussi de la beauté avec les hydrolats qui peuvent être utilisés comme soin de visage. « Je suis beaucoup attirée par tout ce qui est esthétique. Ça me correspond, je me vois en fait dans ce que je fais », se réjouit-elle. 

L’expérience est d’autant plus intéressante, qu’en plus de l’amour et du business, Fatou Diouf Sarr est dans son domaine d’étude. En stage actuellement au laboratoire Phytochimie et Protection des Végétaux, elle a comme spécialité la Phytopharmacie et la protection des végétaux. A l’origine, l’extraction des huiles essentielles et autres produits naturels avait des visées purement pédagogiques. « C’est la base du travail au labo : on fait des tests concernant les huiles essentielles pour voir l’activité antifongique ou antibactérienne des huiles essentielles mais aussi le screening de microorganismes antagonistes comme le Trichoderma ». 

Un laboratoire pour aider les agriculteurs 

Pour son mémoire de master, Fatou travaille sur les activités antifongiques des huiles essentielles et hydrolats sur la croissance mycélienne des champignons phytopathogènes responsables de maladies chez la pomme de terre dans la zone des Niayes. Observations : Plaines de contamination des plantes des agriculteurs qui ne savent pas comment s’y prendre. D’où la création des bio-pesticides pour protéger les cultures, les revenus des paysans mais aussi l’environnement. Une alternative par rapport aux produits chimiques. 

À 25 ans, cette demoiselle de teint clair ne manque pas d’ambition. Avec Sen Arome Bio, elle a un rêve collectif de quitter le labo dans lequel la start-up est actuellement incubée pour gagner plus d’autonomie. Or, pour cela, il faut plus de moyens. « On espère qu’on aura des financements », glisse-t-elle. 

Sur le plan individuel, l’objectif immédiat est certes de soutenir le mémoire de master, mais l’étudiante voudrait se lancer dans une thèse, mais aussi ouvrir un laboratoire pour aider les agriculteurs pour tout ce qui est protection biologique. Ce qui serait une grande fierté pour les siens.  

Dans la grande famille Diouf Sarr, on aime certes l’agriculture, mais on était loin de se douter qu’on pourrait avoir un jour un de ses fils avec des diplômes universitaires en biologie. Ainé de sa famille, le père devait prendre en charge toute la fratrie. Il a donc quitté l’école très tôt.  

Une nouvelle aventure au Sénégal  

Du coup, lorsque la benjamine s’est montrée intéressée, le père a sauté sur l’occasion. « Mon premier soutien, c’est mon papa. Chaque fois, il m’encourage. Quand je fais une demande concernant les études, il est prêt à financer à 100%. Il me donne tout et tout ce qu’il me demande, c’est d’étudier », témoigne-t-elle.  

Pour elle, l’histoire débute en Côte d’Ivoire où elle fait ses études primaires et secondaires. D’ailleurs, son accent ivoirien assez marqué ne passe pas inaperçu. Après le baccalauréat, le Pape décide qu’il est temps pour sa fille de retourner au pays d’origine pour s’imprégner des réalités locales. Direction, Thiès où se trouve la famille, après une orientation obtenue à l’Université Cheikh Anta Diop.  

Dans ce temple du savoir, les premiers mois ont été assez difficiles. Surtout qu’elle n’avait aucun devancier pouvant l’orienter. « C’était une nouvelle aventure. J’étais un peu dépaysée », confesse-t-elle. Mais cette situation sera de courte durée. Après trois mois, elle prend ses marques, grâce à des amis autour d’elle. 

Aujourd’hui, elle ne regrette pas d’avoir suivi la volonté paternelle, car en plus de la réussite, elle a eu une intégration parfaite. « J’adore, j’aime trop, tout le monde est gentil, ils sont accueillants », lâche-t-elle dans un large sourire. 

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