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Lauréate du meilleur roman au concours littéraire 2021, Tabara Niang prépare déjà sa deuxième publication. Le CSA de l’IUPA qui compte encore produire veut avant tout prendre du plaisir.  

En voulant prendre du plaisir en couchant sur papier le fruit de son inspiration, on court aussi le risque d’être pris dans le piège de la littérature. C’est ce qui est arrivé à madame Tabara Niang, Chef du Service Administratif (CSA) de l’Institut Universitaire de Pêche et d’Aquaculture (IUPA) de l’UCAD. Grâce à son premier ouvrage intitulé ‘’Calèche d’une demoiselle’’, elle a remporté le prix du meilleur roman au concours littéraire 2021 organisé par le Cénacle des jeunes écrivains du Sénégal, samedi 11 juin 2022. « Je ne m’y attendais pas du tout. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui ai déposé le roman, mais la maison d’édition ».  

La surprise est d’autant plus grande qu’elle a été informée, comme tout le monde, après publication des résultats. En fait, il y a beaucoup de prix au plan national et international, et, dans ce milieu, les maisons d’édition déposent en fonction des publications, sans toujours informer l’auteur. 

Justement, son roman a été déposé à beaucoup de prix. D’autres distinctions pourraient donc suivre, mais elle préfère ne pas trop y penser. « L’essentiel pour moi, aujourd’hui, est de me faire plaisir d’abord, ayant passé beaucoup d’années à ne penser qu’aux autres ».  

Pourtant à la soirée du cénacle, se souvient Tabara, beaucoup de grands noms de la littérature sénégalaise et des journalistes critiques littéraires l’ont interpellée pour souligner la qualité de son travail. Un membre du jury, en l’occurrence Mbaye Dia, demandait même si elle est capable de faire mieux. « C’est pourquoi il y a une forte pression qui pèse sur moi parce qu’ils s’attendent à ce que le prochain sorte dans les meilleurs délais ». 

Aujourd’hui, le défi consiste à se trouver du temps entre les responsabilités professionnelles et les charges familiales pour terminer le deuxième roman actuellement en cours. En effet, Tabara ne compte plus s’arrêter. Mère de 3 enfants, elle refuse d’utiliser le terme ‘’second’’ parce que convaincue qu’il y aura d’autres.  

Tout sauf un roman 

Pourtant, il y a moins de deux ans, elle pensait tout faire sauf un roman. En pleine pandémie de Covid-19, les universités du Sénégal ont fermé leurs portes. Les agents sont contraints de rester à la maison, presque oisifs. Son amour de l’écriture a alors pris le dessus. « J’écrivais juste pour meubler le temps. Durant presque 4 à 5 mois, j’étais là à ne rien faire à la maison, j’avais donc du temps pour moi ».  

Ce temps sera donc mis à profit pour dépoussiérer les quelque écrits. C’est ainsi que les choses commencent à prendre forme. Malgré tout, elle n’y croyait pas trop. Quand elle a envoyé le manuscrit à Ibrahima Sarr, ancien Directeur du Cesti, ce dernier l'a bien apprécié. ‘’Grand-frère, ami et mentor’’ de Tabara, Sarr a formulé des remarques et a surtout encouragé l’auteur à la publication.  

Dans un premier temps, il s’agissait pour elle de parler de son expérience personnelle en tant que professionnelle. En effet, voilà plus de 10 ans que Tabara travaille. Ayant démarré, en 2008, à la chambre de commerce de Dakar juste à sa sortie de l’Université, elle est recrutée au Cesti à partir de 2011. Elle est affectée à la médiathèque, mais sera très tôt responsabilisée par l’ancien Directeur Ibrahima Sarr qui fait d’elle le chef du service de la scolarité.  

Un poste qu’elle occupe entre 2013 et 2015 avant de devenir Chef du Service Administratif (CSA) par intérim entre 2015 et 2016. A l’issue de cet intérim, elle est nommée chef du service stratégie et relations avec les entreprises (SSRE) devenu plus tard, division stratégie, de la coopération et des projets (DSCP).  

« Une expérience amère que j’ai eue… » 

Un vécu de 14 ans dans la vie professionnelle qui, dit-elle, lui a permis de jauger la vraie place des femmes dans les organisations. « Partant d’une expérience amère que j’ai eue il y a 7 ans de cela, je me suis proposée d’écrire sur la problématique de la situation des femmes en entreprise », confie-t-elle. 

Tabara qui n’aime pas voiler ses mots utilise un langage cru pour décrire cette réalité dans son roman. Pour elle, des femmes qui se battent, il y en a, mais des personnes cherchent toujours à leur trouver des limites. « Une femme qui cherche à avoir un poste de responsabilité, ça dérange », regrette-t-elle.  

Le livre abordera par la suite d’autres thèmes comme les faits de société, la religion, la politique et même les 6000 policiers radiés en 1987. Un épisode qu’elle a indirectement vécu par le biais des récits de l’entourage familial.  

A 6 ans, la gamine est inscrite à l’école Haby Kane Diallo, à Saint-Louis. Au bout de 4 ans, elle rejoint sa mère à Dakar après le décès de sa grand-mère. C’est à l’école Ndiarka Diagne (Guédiawaye) qu’elle termine son cycle primaire. Inscrite au Cem Banque islamique à Guédiawaye, elle décroche son Bfem en 1999. Tabara a toujours été une élève brillante. Et elle excellait dans toutes les matières.   

Cet aspect de sa vie transparaît aussi dans le roman, car à l’image de Tabara, Débo Sy le personnage principal a aussi été première de son centre à l’examen du Bfem. Vu ses notes, l’académie a décidé de l’orienter en science (S1), alors qu’elle voulait être littéraire. « Même si j’avais de bonnes notes, je n’aimais pas les maths, je n’aime pas les chiffres. J’aime bien les lettres, c’est plus poétique, ça me parle beaucoup », dixit Tabara. 

Les mathématiques au bac 

Ainsi, le proviseur du lycée des Parcelles Assainies a beau lui expliquer les avantages des séries scientifiques, la nouvelle lycéenne de 16 ans a tenu à ce que son choix soit respecté. Elle sera finalement orientée à nouveau en série littéraire. Au lycée, Tabara sera première de sa classe de la seconde à la terminale, avec des moyennes jamais en deçà de 14/20. « Mes camarades de classe disaient toujours : mieux vaut viser la deuxième place, car la première est déjà occupée », rigole-t-elle. 

C’est pour cette raison d’ailleurs que ses professeurs pensaient qu’elle allait avoir la mention Bien pour faire ses études à l’extérieur. Mais les mathématiques avec qui elle a divorcé entre-temps (‘’J’avais un prof tout sauf pédagogue’’, dit-elle) prendront un malin plaisir à mettre du bâton dans ses roues. Elle va se contenter de la mention Assez Bien au baccalauréat, en 2002. 

Renonçant à une bourse pour le Maroc, elle décide de rester au Sénégal. Elle choisit l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Un choix influencé par sa grande sœur qu’elle regardait comme ‘’une petite princesse’’ au vu des privilèges qu’avaient alors les étudiants de l’UGB.  

Bien en anglais, en espagnol et en français, celle qui rêvait d’être avocate fera finalement Langues Etrangères Appliquées (LEA) sur influence toujours de sa grande sœur. Tabara a comme spécialité administration des affaires et commerce international. Après une maîtrise à l’UGB, elle décroche un master en Gestion des ressources humaines à l’Ecole supérieure polytechnique de l’UCAD. Deux formations de qualité qui lui donnent ce profil de manager et GRH qui justifie, en partie, sa nomination au poste de CSA à l’IUPA, après avoir gravi les échelons.  

Après tant d’années de concentration sur des choses dites sérieuses, elle estime que le temps est venu pour elle de prendre plaisir…à travers l’écriture ! 

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